
26 heures. Il nous avait fallu 26 heures pour arriver à la maison. Nous avions quitté le camping « Riccione Sas » de Rimini en début d’après-midi après une dernière baignade sur la plage. Nous avions ensuite pris la route croisant tous les vacanciers qui débutaient leurs séjours avec enthousiasme et excitation. Nous, c’était le chemin du retour qui nous attendait : les embouteillages, les vignette et les péages, les autoroutes françaises non éclairées, les Hollandais qui conduisent comme… des Hollandais. Je rentrais à peine de vacances et j’étais déjà épuisé. Le trajet avait été particulièrement pénible. Les enfants avaient attrapé des coups de soleil lors de la dernière baignade et n’arrivaient pas à s’endormir. En plus des jérémiades des morveux, Isabelle avait instauré une règle durant le voyage pour la musique. « C’est un album chacun, pas de raison que la co-pilote n’ait pas son mot à dire ! ». Je devais donc me farcir Christophe Mae ou Mika entre les Stones et Pink Floyd.
Les heures avançaient plus vite que les kilomètres et je sentais que le retour à la routine allait être profondément insupportable. Isabelle me faisait la gueule depuis quelques jours, soi-disant parce que j’avais dansé avec une des jeunes animatrices avec qui le courant était bien passé lors d’une soirée du camping. En même temps, on ne s’était pas touché des vacances. « Les enfants auraient pu nous entendre » prétextait-elle. Je devais donc me rabattre sur des séances intensives de matage de jeunes adolescentes ou de mamans bien conservées lors de nos sorties à la plage. Dieu bénisse les lunettes de soleil.
En arrivant en Belgique, nous étions passés chez ma belle-mère pour reprendre le chien. Elle ne s’était pas gênée pour me dire combien je paraissais blanc par rapport à sa fille qui « avait pris de belles couleurs ». A peine rentré, nous avions dû vider la voiture, ranger les affaires et préparer la journée du lendemain. Il était 21 heures, Isabelle et les enfants étaient déjà au lit et après une branlette devant le pc dans mon bureau, je me rendis compte que j’allais devoir recommencer demain à 6h à l’usine. Et ainsi de suite pendant 11 mois avant les prochaines vacances qui seraient sans doute tout aussi pourries. J’avais 35 ans, une femme et deux enfants sur les bras et aucune envie que la vie continue ; je me demandais comment j’avais pu merder autant.