IL est 17h. La journée se termine. Aujourd’hui, je n’ai reçu aucun mail. Voilà 4 ans que je travaille dans cette boite et cela ne m’était jamais arrivé. Le reste de l’équipe est en vacances, je suis seul au bureau. Le seul contact de ma journée fut le bip du lecteur de badge. Aujourd’hui, personne n’a composé mon numéro de téléphone, n’a inscrit mon prénom ou mon nom en en-tête d’un mail. Personne ne m’a envoyé de salutations distinguées en attente de ma réponse. J’ai bien reçu quelques newsletters mais je ne les ai pas lues. Je me demande si celles que j’écris subissent le même sort. D’habitude, j’ai un taux d’ouverture de 30 %, apparemment c’est une bonne moyenne.
Aujourd’hui, j’ai écrit des mails mais je n’ai reçu que des réponses automatiques pour m’informer que mes destinataires étaient en vacances, parfois jusqu’à la fin du mois. Sont-ils en voyage dans des contrées lointaines ? Sont-ils dans les travaux pour retaper leur maison avant les mauvais jours ? Sont-ils simplement chez eux profitant des grasses matinées pour regarder les films et les séries qu’ils n’ont pas le temps de visionner durant l’année, faute d’horaires trop chargés ? Au fond de moi, je m’en fous mais je les envie.
Aujourd’hui, il ne me reste qu’à prendre la voiture, à affronter les embouteillages puis à rentrer chez moi. Je relèverai le courrier, peut-être aurai-je reçu une carte postale d’un ami en voyage mais j’en doute. Je nourrirai les poissons rouges puis je dînerai un plat préparé réchauffé au micro-ondes en parcourant mon fil d’actualités Facebook. Les selfies en amoureux devant des panoramas aux antipodes, les vidéos amateurs de concerts lors de festivals branchés, les photos de mariage ou de balades champêtres, etc. Une fois écœuré par le bonheur de mon entourage, j’irai me laver et m’apprêter pour ne pas sortir. Aujourd’hui, peut-être que le couple d’en bas s’engueulera comme hier ou qu’il fera l’amour comme le week-end dernier. Aujourd’hui, elle ne m’a pas rappelé. Elle le fera peut-être demain.
Aujourd’hui, je vais mettre un disque, me coucher au sol sur le tapis et attendre que quelque chose se passe. Aujourd’hui, je n’existe pas.
Laisse Aboyer les chiens 