LUNDI.

a woman with a sign in her hands with the words happy monday

6h45. LIT. Le réveil sonne.

– DÉJÀ ?
– Bah oui déjà ! Allez, faut qu’on se lève !
– Attends encore dix minutes… Me sens pas bien.
– Tu m’étonnes ! T’as vu dans quel état on est rentré… Toi tu t’en fous, tu dors à poings fermés mais moi j’ai pas pu me reposer de la nuit…
– Désolé… Je me sens vraiment pas bien.. Tu crois que…
– N’y pense même pas. Téléphoner un LUNDI MATIN pour dire que t’es malade. Tu prends vraiment les gens pour des cons. Tu veux te faire virer ? C’est déjà la seule chose qui nous permet de garder un peu de dignité… Allez on va se laver et te regarde pas dans le miroir, ca va pas te plaire.

7h00. DOUCHE. L’eau coule.

– Je suis désolé.
– Oh non ne me ressors pas ton couplet du lundi matin.
Chaque semaine, ca va changer. Tu vas prendre soin de moi, tu vas moins dépenser pour qu’on achète une maison, tu vas regarder pour un job qui te plaise un peu mieux, on va partir en voyage… Des projets constructifs en somme, un peu comme font la plupart des gens de notre âge.
Résultat, chaque lundi, retour à la case départ. Et quand tu arrives à être calme un week-end, c’est double dose le week-end d’après… Ca peut plus continuer comme ça…
– C’était la dernière, je te jure.

7h25. CUISINE. L’effervescent se dissout.

– J’ai mal.
– Oui je sais. Je te préviens déjà, pas de petit-déjeuner. Je t’avoue que j’ai pas super bien pris le litre de vodka et la pita de vendredi, la pizza et la bouteille de rouge de samedi et le burger et les 15 bières du match de dimanche. Ca m’a gavé, littéralement. Faut pas t’étonner que je ressemble à rien après. Au fait, j’espère que ton portable est chargé car on aura quelques aller-retours à faire durant la journée, si tu vois ce que je veux dire. C’est bon t’as tout ? En voiture Cirrhose ! Oh ça va, si on peut même plus rire…

7h50. VOITURE. La radio niveau sonore minimum.

– D’ailleurs on en a pas parlé ce matin mais merci pour les coups bleus…
– ?
– Monsieur ne se souvient pas ? Pratique ça.
Grace à tes exploits du week-end, j’ai fait pas mal de rencontres… assez directes. Des épaules, des murs, des sols.
– Je me disais bien que ça me lançait dans le bas du dos.
– Niveau rencontre, c’est ce qu’il y a eu de plus constructif pour info…
– Bla bla bla

8h20. BUREAU. Aucun mail envoyé.

– Comment les gens font-ils pour être de si bonne humeur le lundi matin ?
– Je suppose déjà qu’ils ne s’anesthésient pas la gueule chaque week-end.
– Et ils font quoi alors ?
– Les courses, le ménage, un peu de sport, visite dans la famille.
– Quel enfer.
– Tu devrais essayer une fois.
– On verra.

11h50. BUREAU. Deux mails envoyés

– Hey, mais c’est pas la jolie RH ça ?
– Elle veut savoir si on veut aller manger une salade avec eux pour midi.
– Bon j’aurais préféré un truc plus consistant mais je ferai un effort.
– J’ai refusé.
– Quoi ?
– J’ai aucune envie de parler à des gens. J’ai dit que j’avais du boulot en retard et que j’allais manger sur le pouce devant l’ordi.
– Tu te fous de ma gueule ? T’en as pas touché une. Tu postes des conneries depuis ce matin sur Facebook… Tu as vu ces yeux bleus ? Ce teint diaphane, ce petit carré blond, ces formes généreuses sans être aguichantes. C’est tout ce qu’on aime, non ?
– Elle a pas l’air intéressante.
– Mais qu’est ce que t’en sais ?
– Je les ai entendu parler de l’élection de Trump, elle savait pas qui était Bernie Sanders.
– Ah ok… Non mais t’as raison… Qu’elle crève cette pute, qui ne sait MÊME PAS qui est Bernie Sanders. Bordel, je suis pas prêt de…
– De quoi ?
– Rien laisse tomber.

18h30. APPARTEMENT. Musique mélancolique.

– Tu as besoin de manger ?
– Non, j’ai surtout besoin de reprendre des forces. Oui, on peut aller se coucher maintenant.
– Je te jure que ça va changer. Je vais me reprendre. Je vais m’y mettre. Ça va payer.
– Tu ferais bien d’enclencher la seconde parce que je vais plus tenir dix ans.
– Ouais je me doute…
– Mais je tiendrais au moins jusque demain. Après, on verra.

 


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